Anne Morati se nomme elle-même « vigneronne » en hommage au métier. Sa voix grave et chaude est déjà une signature : « Etre dehors avec mes vignes me rend heureuse, le travail manuel de la vigne, être avec les gens quand il y a l’épamprage, partager le savoir et la vie liés à l’agriculture, au monde agricole à l’échelle humaine. La dimension relationnelle est particulièrement forte autour du vin. Tout le monde se retrouve. J’aime cette convivialité. Sans excès, le vin nous fait tenir ensemble, échanger loin des opinions politiques des choses plus profondes. »
Ayant repris seule des terres viticoles à Lablachère, cette ardéchoise de cœur fidèle nous raconte l’histoire de ce vieux domaine du Vialat, le partage équitable en parcelles à la Révolution ; la même famille y a travaillé depuis 1794 des cépages comme le viognier, le merlot, ou plus récemment le marselan couplant cabernet et grenache. Et c’est elle, la vigneronne, qui a perpétué la tradition du savoir-faire, soucieuse de l’agri-écologie et de l’équilibre de son vin, un vin aimable, doué de finesse et de corps.
A la première vendange, Anne ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?, elle se souvient que la solidarité était là, avec le retour des anciens vendangeurs ou l’arrivée de jeunes adorables qui tous lui ont prêté main-forte. La beauté des commencements a pris une autre forme. Aujourd’hui, elle est émue que dans son vin de toutes les couleurs, on puisse reconnaître « un vin de femme ». C’est pour elle le plus beau compliment, elle peut signer son vin : Anne Morati, vigneronne.